Duels à l’Est
La guerre des snipers sur le Front russe
Au sommaire de Ligne de Front n°116 - Août/Septembre 2025
+ Bons baisers de Prague
Ce que la Panzerwaffe doit à la Tchécoslovaquie
+ Zinoviy Kolobanov : As sur KV-1
+ La 100. Jäger-Division
De l’Ukraine à Stalingrad, vie et mort d’une division de chasseurs
+ Duels à l’est
Les snipers sur le front russe
+ Les tanks déchus de Sa Majesté
Une arme blindée jamais à la hauteur ?
+ Un paradoxe allemand
ou comment gagner des batailles et perdre une guerre
+ Actualités
Au sommaire de Ligne de Front n°116 - Août/Septembre 2025
Suite aux accords de Munich de fin septembre 1938 et à l’occupation des Sudètes par la Wehrmacht qui s’ensuit, les restes de la Tchécoslovaquie se retrouvent sans défense et esseulés au milieu de voisins hostiles. Il n’en faut pas plus pour que, cinq mois plus tard, le 13 mars 1939, le pays soit entièrement occupé par l’armée allemande ou tout comme (pour la partie slovaque). Or, cette victoire sans guerre permet au III. Reich, dont l’armée est pourtant mal préparée à un conflit de haute intensité, de mettre la main sur un armement et une industrie militaire qui vont combler ses lacunes. Au point que cet évènement pourrait bien avoir eu des répercussions décisives sur la suite du conflit mondial ? Car les chars tchécoslovaques, par exemple, que la Panzerwaffe intègre à son ordre de bataille, ne sont pas quantité négligeable et leur qualité n’a rien à envier à ce qui se fait alors en matière de blindés. Et si la Tchécoslovaquie avait résisté et, certaines études démontrent que cela aurait été possible, tenu en respect la Wehrmacht ? Quelles en auraient été les conséquences, pour une armée allemande diminuée, dans les campagnes de France puis d’URSS ? C’est ce que nous allons tenter de discerner dans cette étude qui pourrait s’apparenter à un « et si… ? ».
Méconnues, les divisions légères de la Heer, puis les divisions de chasseurs qui leurs succèdent, jouent pourtant un rôle de premier plan dans la lutte contre l’Union soviétique. Bien entraînées et équipées, ces divisions forment régulièrement le fer-de-lance des offensives allemandes en Ukraine. Si nous avions déjà eu l’occasion d’aborder le cas de la 97. Jäger, sa consœur la 100. Jäger-Division mérite également qu’on s’y attarde. De la frontière polonaise à Stalingrad, les chasseurs du général Werner Sanne sont de tous les combats et s’illustrent autant dans le franchissement de haute lutte du Dniepr que dans les usines « Octobre rouge » au bord de la Volga.
Front gigantesque et le plus meurtrier de la Seconde Guerre mondiale, champ de bataille «total» où la fureur des armes côtoie l’anéantissement humain et le choc des idéologies, le front de l’est se résume pour certains aux chevauchées des Panzer de « Barbarossa », aux combats acharnés dans les ruines de Stalingrad, et au rouleau compresseur de l’Armée rouge qui pulvérise la Wehrmacht en 1944 et 1945, jusque dans les bunkers lugubres de Berlin. Sur ce front immense, les snipers, moins mis en lumière que les Panzergrenadiere, commandos « Brandenbourg » ou frontoviki, ont pourtant joué un rôle croissant et parfois décisif, même si la « culture » du sniping était très différente selon les armées.
Alors que l’armée britannique a été pionnière dans la conception et l’emploi des tanks pendant la Première Guerre mondiale, les hésitations et errements qui vont précéder la Seconde vont aboutir à la création d’une arme blindée déficiente, car soumise à des impératifs technologiques inadéquats. En effet, tout au long du conflit, les chars de Sa Majesté vont être en retard, face à leur adversaire principal, la Panzerwaffe, d’une ou deux générations de tank. Mal armés, peu fiables ou peu aptes à l’évolution, les blindés britanniques ne vont pas être en mesure de s’opposer aux Panzer avant la fin de du conflit. Retour sur une arme blindée en perte de vitesse et les raisons profondes de ce malaise.
L’image d’une Wehrmacht vaincue uniquement par le poids du nombre, que ce soit celui des masses humaines de l’Armée rouge ou de la quantité matérielle de l’US Army, apparaît dès la fin de la guerre et s’enracine dans la propagande de Goebbels pendant le conflit. Cette dernière véhicule en effet dès les années 1943-1944 l’idée que la fière Wehrmacht se bat en opposant à la quantité insondable de ses adversaires la qualité de son armement et de ses soldats, dans une lutte inégale pour la survie de la nation allemande. Cette image aura été savamment entretenue à la fois par les mémorialistes allemands (les généraux qui écrivent leur version du conflit pour justifier leur défaite) et les militaires américains, ces derniers cherchant ainsi à redorer le blason d’une future armée allemande qui doit renaître de ses cendres pour faire face au Pacte de Varsovie dans le cadre de la guerre froide. Mais cette image renferme en elle une question qui mérite d’être posée : comment une armée aussi qualitative, que ce soit en termes de matériel autant que de doctrine et de tactique, qui semble avoir remporté de nombreuses batailles, peut-elle avoir finalement perdu la guerre ? C’est ce paradoxe, ou ce qui semble l’être, que nous allons étudier ici, en démontrant le trompe-l’œil à l’œuvre depuis 80 ans.