Aérojournal HS n°28

Heinkel HE 111

Tout comme les Junkers Ju 52/3m et Ju 86, le Heinkel He 111 présente la particularité d’avoir été conçu ab initio pour le double rôle d’appareil de transport civil et de bombardier, afin de contourner les dispositions du Traité de Versailles interdisant à l’Allemagne de disposer d’avions de combat. Avec sa silhouette élancée et élégante, et ses hautes performances, il incarnera aux yeux du monde entier la grande modernité de l’industrie aéronautique allemande renaissante.

Dans sa longue carrière, il a subi une importante opération de chirurgie esthétique et plusieurs changements de motorisation, mais il est toujours retombé sur ses pattes, qu’il avait d’ailleurs un peu courtes – raison pour laquelle il n’a jamais pu être « le » bombardier stratégique que la Luftwaffe a désespérement recherché tout au long du conflit mondial. En revanche, il avait d’autres atouts à faire valoir.

Le Heinkel 111 a roulé sa bosse sous tous les cieux où les armées allemandes ont été engagées, depuis l’Espagne et la Pologne jusqu’aux rives de la mer Caspienne et de la Baltique, en passant par l’Europe occidentale, les Balkans, l’Afrique, le Moyen-Orient et tout le pourtour méditerranéen. Bien que moins éclectique que le Junkers Ju 88, il s’est néanmoins révélé capable de s’adapter aux besoins du front, opérant tour à tour avec plus ou moins de bonheur comme bombardier stratégique, avion de reconnaissance, torpilleur, avion de transport, destructeur de locomotives et même chasseur de nuit. Mal aimé de la littérature aéronautique, il n’a jamais eu la reconnaissance posthume à la hauteur de son apport à la guerre aérienne, car son utilisation en Espagne a façonné la stratégie de la Luftwaffe pour de longues années.

En attendant que soit écrite la « grande histoire » du He 111, qui remplira plusieurs centaines de pages, ce hors-série, forcément limité par son format, Christian-Jacques Ehrengardt vous propose quelques « petites histoires » de cet appareil qui a combattu sur tous les fronts de 1937 à 1945. Ce hors-série est abondamment illustré de plus de 150 photos et d’une cinquantaine de profils en couleur dus à la patte internationalement reconnue de Jean-Marie Guillou.