Aérojournal HS n°6

Les camouflages de la Luftwaffe 1936-1945

Il est en général difficile d’aborder ce genre de sujet sans verser dans des considérations techniques complexes et parfois ennuyeuses sur la texture, la composition chimique, les pigments... des peintures. C’est l’écueil qu’a voulu éviter l’auteur pour se focaliser essentiellement sur l’application pratique des camouflages de la Luftwaffe et expliquer comment les profonds changements qui vont affecter les couleurs des avions allemands pendant cette période seront tributaires de la situation militaire dans son ensemble.
Peints dans des teintes vives et même parfois flamboyantes, les appareils de la période 1935-1937 « affichent la couleur », si l’on peut s’exprimer ainsi, du Nazisme triomphant et de la renaissance de la Luftwaffe. À partir de la crise de Munich, en septembre 1938, les avions s’assombrissent au même rythme que le ciel de l’Europe, où s’accumulent les lourds nuages noirs de la guerre qui menace. Ils restent pourtant dans des schémas de camouflage traditionnels, qui sont ceux qu’ils porteront lors de la Blitzkrieg, qui les verra sillonner les cieux européens et africains, de l’Angleterre au Caucase, du cap Nord à la dépression de Qattara. Mais ils devront aussi s’adapter à de nouveaux paysages façonnés par le sable du désert libyen, les vagues de la mer Méditerranée ou du golfe de Gascogne et la neige des steppes russes. Puis viendra le temps de la défensive avec l’impérieuse nécessité de dissimuler le mieux possible les avions, pourchassés jusqu’au-dessus de leurs bases par les chasseurs-bombardiers alliés. De nouveaux schémas, de nouvelles teintes apparaissent et avec eux, le souci de l’optimisation, logique d’une économie de guerre durement frappée par les restrictions et la désorganisation de ses voies de communication.
L’histoire des camouflages de la Luftwaffe est le fidèle reflet de l’histoire de l’Allemagne pendant ces temps troubles.