La canne de Leclerc

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Printemps 1936. Le capitaine Philippe de Hauteclocque, futur Leclerc, est à la tête de l'escadron de Saint-Cyr où les aspirants se forment notamment à l'équitation. La journée est agréable et permet la sortie pour un exercice. Le capitaine caracole en tête, passant de peloton en peloton, donnant ses ordres, distribuant des mots bien placés à ses hommes. Le voilà qui quitte la route, ce qui est contraire aux ordres donnés à ses hommes... son cheval glisse et s’abat violemment sur le sol. Le capitaine, refusant toute aide, se redresse péniblement et remonte en selle. De retour au quartier, il consulte un  médecin qui constate une fracture de la jambe. Immobilisé pour un certain temps, il fait lire le lendemain lors du rassemblement matinal le texte suivant :

« Hier, au cours de la manœuvre, contrairement aux ordres, le capitaine commandant a galopé le long de la route. Une chute a sanctionné cette faute. En raison de l’indisponibilité du capitaine commandant, le lieutenant des Courtils prend le commandement de l'escadron jusqu'à nouvel ordre. »

La légende précise que c'est suite à cet accident que Leclerc utilise une canne. Il faut cependant souligner que certains auteurs considèrent l'objet plutôt comme un accessoire de mode acquis en 1940 à Londres, mais aucune preuve tangible ne peut venir étayer les deux hypothèses. La première semble cependant plus vraisemblable, une chute de cheval pouvant laisser de sérieuses séquelles.

Le capitaine de Hauteclocque sur Iris XVI. ©Musée de la Libération

Ce cheval, Iris XVI, va d'ailleurs continuer à faire parler de lui. Malgré son mauvais caractère, ce cheval de course alezan est une « bête à concours » qui s'illustre lorsqu'il est monté lors des compétitions hippiques. Ses victoires lui valent de ne pas être mobilisé en 1940, demeurant à l'école de Saint-Cyr.

Or, le 14 juin 1940, les troupes allemandes atteignent l'école d'officiers. Un des officiers de la Wehrmacht, ancien cavalier sportif, souhaite ardemment contempler Iris XVI, ce cheval qui lui a damé le pion lors de compétitions hippiques avant le conflit. Un soldat est envoyé le chercher... mais le fougueux Iris XVI le tue d'une ruade. Pour venger l'affront, l'officier allemand condamne le cheval à être fusillé pour « faits de résistance », la sanction étant exécutée dans la foulée.

Quand il aura vent de cette affaire, Leclerc affirmera, selon des témoins, que le cheval « était aussi patriote que son maître ».

Par Loïc Becker

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