Entré en service en 1972, le Mi-24 Hind s'avère vite être un succès du complexe militaro-industriel soviétique. Robuste, bien armé et pouvant emporter huit soldats totalement équipés, il est identifié très tôt par les Occidentaux comme une menace... d'autant plus que l'URSS propose très vite aux pays « amis » une version export, dénommée Mi-25 Hind. Beaucoup de pays africains, séduits par la qualité de l'engin (et son prix abordable), en font l'acquisition... Notamment la Libye du colonel Khadafi, alors engoncée dans une série de conflits avec le Tchad voisin.
Au début des années 1980, les deux pays se livrent une guerre sans merci. Tripoli soutient et finance les groupes rebelles cherchant à renverser le gouvernement tchadien ; de plus, les troupes de Khadafi n'hésitent pas à envahir et à occuper une partie du territoire voisin. Soutenu par la France, le Tchad parvient à repousser les Libyens au début de l'année 1987 au cours d'une offensive éclair. Désorganisée, l'armée libyenne abandonne la plupart de ses matériels lourds dont des chars, des pièces d'artillerie... et un Mi-25 Hind en parfait état, repéré par des éléments au sol de la Légion étrangère.
Cette nouvelle remonte bientôt aux oreilles de la CIA, qui cherche depuis des années à acquérir un de ces hélicoptères pour l'étudier et imaginer des contre-mesures. Après avoir obtenu le blanc-seing du gouvernement tchadien pour le récupérer, la CIA s'adjoint les services des Night Stalkers du 160th Special Operations Aviation Group, unité d'aviateurs spécialisés dans les opérations clandestines. En avril 1987, ces derniers s'entrainent dans le désert du New Mexico à soulever et transporter un tel appareil grâce à deux CH-47 Chinooks. Le 21 mai, l'ordre est donné par le président Reagan de lancer l'opération « Mount Hope III ».
Les deux Chinooks sont alors chargés dans un C-5 Galaxy et envoyés au Tchad via l'Allemagne. Sur place, les Français s'occupent de la sécurisation de la zone au sol, une paire de Mirage F1 se tenant prêts à intervenir. L'enjeu est de taille : les Libyens ne doivent pas savoir ce qu'il se passe ! Dans la nuit du 11 juin, les deux Chinooks décollent de l'aéroport de Ndjamena, puis filent à travers le pays sur plus de 800 kilomètres. Arrivés sur zone, l'un d'entre eux charge le Hind abandonné sous lui grâce à des sangles, et cet étrange attelage prend l'air. Après avoir ravitaillé en carburant sur une base de la Légion étrangère, les Night Stalkers retournent à Ndjamena sans avoir été repérés ; le Hind est aussitôt chargé dans la soute du C-5 Galaxy. Moins de 36 heures plus tard, il atteindra le sol américain, et sera attentivement disséqué par la CIA. La mission n'aura duré que 67 heures mais aura permis de lever des incertitudes sur le matériel soviétique le plus moderne...
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